De tout temps l’Homme a cherché à donner un sens à la mort à laquelle il a toujours été confronté. Une façon de l’aider à faire face… Mais cette mort si familière il y a quelques années, semble avoir disparue, tout comme le temps du deuil, comme niés… et les rites avec. Ce qui complique bien souvent la mise en place du processus de deuil.
« Ce qui ne peut pas se formuler, se ritualise peut-on dire. Parce que l’on ne sait pas ou parce que l’on ne peut s’exprimer avec des mots, alors on recourt au rituel »
Ritualiser cette mort, permettait justement de lui donner un sens, de l’accepter plus sereinement. Malheureusement, on prend de moins en moins ce temps du rituel… Les rites funéraires étaient beaucoup plus marqués il y a 30 ans. Ils témoignaient de la solidarité de la communauté et permettaient d’être véritablement acteurs des funérailles afin d’affronter au mieux la perte d’un être proche. Cette dimension collective se gomme de jour en jour.
Lors de ces rituels, on prenait le temps de se rassembler autour du défunt et d’échanger, de raconter sa vie, de lui rendre un ultime hommage autour d’un repas. Chacun se sentait épaulé, accompagné… Le processus de deuil s’enclenchait alors.
Actuellement, je constate que les choses ont vraiment changées. Comme le dit Michel Vovelle « nous sommes passés de la mort solidaire à la mort solitaire » : disparition du temps de la veillée, des tentures devant les maisons. Qu’en est-il des pleureuses, du « code vestimentaire » pour la veuve ou le veuf, de couleurs à respecter (du noir au violet), du ruban et du brassard à porter ?
Tout cela permettait d’ancrer l’événement, d’afficher son statut et sa souffrance et ainsi d’être reconnu comme endeuillé et surtout, cela permettait de débuter le processus de deuil… A présent, il faut sans doute souffrir seul, en silence afin de n’effrayer personne .. Le fait de gommer ce rituel de passage, qui faisait la distinction entre la vie et la mort, vient alourdir le deuil.
C’est pourquoi je conseille souvent de créer vos propres rituels, comme un temps d’expression, afin de reprendre cet « espace » nécessaire.